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Sans queue ni tête
30 décembre 2014

Ici, les voitures sont presque toutes blanches.

Ici, les voitures sont presque toutes blanches. Quand tu te gares quelque part, tu ne vois que du blanc. C’est pour éviter autant que possible la chaleur. Alors quand tu cherches ta voiture, tu la vois immédiatement. Tu te demandes si c’est une si bonne nouvelle que ça.

 

Ici, tu croises des lézards absolument partout dans ta maison. La cohabitation se fait sans bruit. A quelques cris de surprise près. Eux vont bien, merci.

 

Ici, il y a des chats et des chiens errants dans ton quartier. Ils sont rachitiques, souvent pas très en forme. Les chats se parlent, protestent, crient, modulent et tiennent des conversations surprenantes. Les chiens ne font aucun bruit. Jamais. Ils ne savent pas aboyer. Ils se plient en silence à ton refus de les laisser rentrer dans ton jardin. Tu ne croises pas leur regard, ils ne lèvent pas la tête. C’est déroutant.

 

Ici, quand ta môme va acheter un petit tube de biafine à la pharmacie quand les touristes sont là, on lui dit qu’on n’en a plus.

 

Ici, tu as déjà expérimenté la petite coiffeuse de quartier vu que tu ne supportais plus les cheveux dans ton cou. Au bout d’une minute trente tu as songé à lui demander où elle a fait sa formation. Et puis tu as préféré ne pas le faire. Pour éviter de t’évanouir. Elle avait déjà donné quelques coups de ciseaux déterminants pour la suite des évènements. Elle est charmante. Elle coupe,, je la cite « au feeling » sur cheveux secs pour mieux s’adapter à la personnalité de sa clientèle. Pas sûr qu’elle soit très psychologue. Sic. Ma famille a été adorable à mon retour. Ils sont vraiment mignons. Mes lunettes de soleil ont changé de fonction.

 

Ici, le gps de la voiture toute neuve de ton amoureux s’est avéré farceur. Très. C’est ainsi que tu es arrivée avec plus d’une heure de retard à la première fête à laquelle tu étais invitée après avoir expérimenté la conduite façon rallye au milieu des champs de cane à sucre à haute altitude. Puis les chemins de terre défoncés. C’est à ce moment là que nous avons entendu la voix de Simon exprimer une certaine excitation doublée d’une belle trouille « on croirait qu’on est dans un film d’aventure mais on ne sait pas qui va jaillir, si c’est un gentil ou un méchant ». Oui, mon fils utilise des verbes tels que « jaillir ». Et oui, j’étais en train de me poser la même question !

 

Ici, quand une fois parvenue à destination, les invités te demandent qui tu es (la tata du premier fils de la dame qui nous reçoit) et quand ils apprennent que tu viens d’arriver sur l’île pour y vivre, ils ouvrent leurs bras en grand et s’exclament « bienvenue à la Réunion ». Ton petit cœur beaucoup bousculé ces derniers mois y est très sensible.

 

Ici, tu écris tes billets vers huit heures du matin en écoutant 5/7 de ta radio préférée. On y parle mort de froid, neige abondante. Tu as déjà oublié que c’est possible. Tu as envie de cheminée qui gronde, de coussins posés devant, de tes grosses chaussettes en mohair préférées, de bougies et de litres de thé bouillant. Tu ne peux pas le dire. Tout le monde te dit que tu as une chance folle d’être dans l’Océan Indien. Le rêve de l’île exotique, de la piscine dans le jardin, des fruits succulents, du maillot de bain toute la journée a la peau dure. Tu le crois délicieux pour échapper une semaine ou deux à l’hiver. Tu as un peu plus de mal à imaginer qu’on peut se sentir bien pendant des mois dans cette chaleur assommante. Mais chut, tu ne peux pas le dire. Enfant gâtée. 

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