Ici, il fait toujours aussi chaud mais

Ici, il fait toujours aussi chaud mais heureusement le vent est présent. Sans lui nous serions assomés, écrasés.

ici, la vie reprend son cours. Alice a une otite. On a rangé à fond les chambres des deux enfants ensemble. On a repris notre habitude de faire des gâteaux pour accueillir leur papa le soir. On songe à faire un peu de travail scolaire pour ne pas être trop désorientés à la rentrée. C'est plus facile parce qu'on imagine les copains de la métropole en classe, les pôôôôôôvres! On a ressorti la grande, grande caisse de légos alors du coup, on joue, on joue, on joue. 

Ici, on a découvert le Maïdo. On a emprunté une route en parfait état, dont chaque virage est beau comme un sou neuf. On a cessé de compter les virages au bout de quelques minutes. De temps en temps, on a un tout petit peu retenu notre souffle à la sortie de certains parce que quand même le trou à côté avait l'air très, très près. On a fait ohhhhhhhhhh quand on a découvert le cirque de Mafate tout en haut. On était quand même monté à 2200 mètres en moins d'une heure. On a pris des photos, on a observé pour savoir où on allait randonner et dans quel village on allait dormir un jour pour voir le soleil se lever sur les montagnes dans le silence. En redescendant, on s'est arrêté dans une petite distillerie d'huiles essentielles. On y a rencontré un producteur passionné. On y a trouvé des produits qui nous font déjà du bien. On est sorti de la petite boutique avec un léger mal à la tête qui s'est estompé dans la brume, au pied des collines qu'on devinait plus qu'on ne les voyait. Tout était vert autour de nous. De toutes les nuances possibles. On sentait le géranium humide. J'avais envie de rester là un peu plus longtemps. Je reviendrai quand je serai seule. 

Ici, on mange des bouchons réunionnais. En vrai, ce sont des raviolis vapeur piqués à la cuisine chinoise. On peut les acheter congelés par paquets de 100. Il y en a partout. Sur les étals au marché, on peut en manger. On aime beaucoup ça. Les samosas aussi. Mais il va nous falloir trouver les bonnes adresses pour ça, trouver les mieux parfumés aux épices et au citron vert par exemple.

Ici, il reste une pièce qui sert à stocker tout ce qu'on n'a pas eu le courage de déballer encore. C'est le bureau. Il ne va pas falloir que ça dure trop longtemps parce que j'ai envie de pouvoir m'y assoir. De tenter de coudre maintenant que j'ai un tout petit peu appris à le faire. 

Ici, je lis. Beaucoup. Parce que j'ai retrouvé l'envie. Parce que j'ai le temps. Parce que je n'ai plus canal, plus de VOD et plus de films à regarder. Parce que je n'arrive pas très bien à faire comme a essayé de m'enseigner ma copine pirate. Parce que la connection internet de toute façon est un peu faiblarde. Je lis des polars et je me force à alterner avec des romans. Pour ne pas sombrer dans la facilité. Pour le plaisir des mots. Pour ne pas réfléchir dans la nuit quand il m'arrive encore trop souvent de me demander ce que je fais là.

Ici, force est de constater que les adultes de la maisonnée sont beaucoup moins stressés qu'en métropole. L'homme rentre cool de ses loooongues journées de travail, il est dispo, pas préoccupé (pourvu que ça dure!!!!) et c'est bien agréable. Je suis aussi plus calme, moins dévorée par la violence que je subissais indirectement au lycée à cause du comportement des élèves et parfois même de l'administration. Je n'ai pas la pression de faire tourner la maison, de gérer les uns et les autres en quémandant une aide logistique tout en pensant sans cesse aux copies sur mon bureau, aux séquences à imaginer, à faire fonctionner, à améliorer... bref, je savoure. Tout cela, dans un contexte de grandes vacances qui aide à mettre la pédale douce!

Ici, la vie s'écoule en se fixant de petits objectifs. A court terme. Du matin pour le midi. Du midi pour le soir. Qu'est ce que c'est reposant! 

Comments

[lolo]

Aujourd'hui en métropole, beaucoup trop de bruit et le coeur qui bat plus serré... L'horreur à Charlie Hebdo. Une envie de s'éloigner aussi de cette barbarie.

[virginie]

je me suis reposée 5 min avec toi...merci ça fait du bien!