Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sans queue ni tête
3 février 2015

Ici, tu vois régulièrement des gens faire du stop

Ici, tu vois régulièrement des gens faire du stop au bord de la route... parfois même des grapes de jeunes filles... tu as déjà rangé dans un petit coin de ta tête le sermon, et à n'importe quelle heure où que tu sois je viens te chercher surtout jamais tu ne montes dans une voiture... etc... etc...

Ici, tu souris en regardant ta pile de linge à repasser. Après la collec habituelle de chemises blanches et bleues, tu tombes dans les imprimés qui passent si bien dans le paysage local.

Ici, tu te régales de miel de litchi dans ton thé.

Ici, la maîtresse fait préparer des déguisements pour mardi gras avec des objets de récup, en bricolant tous ensemble. Tu aimes beaucoup ce principe qui du coup met tout le monde à égalité.

Ici, quand tu regardes des séries en replay sur ton ordi, les pubs pour EDF t'enjoignent à isoler ta maison afin de perdre quelques degrés à l'intérieur l'été. Tu trouves ça drôle.

Ici, tu te retrouves à inventer des jeux dans la piscine pour te baigner avec tes zouaves. Tu te baignes un peu tous les jours avec eux. Tu ne serais pas contre une ou deux bonnes idées de plus...

ici, les soldes commencent un samedi. C'est bien un samedi. Tu peux déléguer tes mômes et partir seule quelques heures. Tu aimes bien l'idée du samedi. Tu te dis que quand tu auras trouvé où aller, tu apprécieras les soldes. En attendant, ton compte en banque est tout guilleret... ça tombe bien, tu n'as plus de salaire depuis trois mois.

Ici, tu fais des crêpes à la demande de tes zouaves. Tu l'as toujours fait. En vrai, tu adores ça, ça te fait hyper plaisir. Et puis tu passes une petite heure devant la crêpière... toi qui te réchauffait tout l'hiver à coup de "celle là je vais la prendre au sirop d'érable", "la prochaine, je la veux au sucre et au citron" tu envisages de servir les prochaines congelées!!! Tu as eu si chaud qu'il t'a fallu retourner te baigner. Oh la pauvre!!!

Ici, tu passes des moments exquis sous la varangue dans la soirée. Tu regardes la saison 5 de Downton Abbey dans un silence quasi absolu, l'air est doux tu ne le sens pas, tu as tellement de couches de géranium et de phlytox sur la peau que tu effraies l'ombre des moustiques qui passent très au large. Tu es divinement bien. Ton petit coeur souvent triste ces derniers jours y puise un véritable réconfort.

Ici, tu lis. Tu lis. Tu lis. Beaucoup. Tu as fait quelques très bonnes pioches. Tu les consignes dans ton cahier de lectures. Un de ces jours tu vas t'atteler ici à un article pour donner envie, pour partager. Pour être honnête, pour le moment tu n'as pas vraiment papoté à l'école avec des nanas à qui tu as spontanément envie de parler bouquins. Mais ce soir tu en as aperçu d'autres qui parlent moins fort et qui ont l'air assez sympa... tu vas essayer de t'avancer vers elles cette semaine...

Ici, tu prends soin de toi. Tu vas par exemple voir au hasard Balthazar une gynéco pour le bilan que tu avais laissé traîner... ouf... tu ressors ravie car tu as fait bonne pioche au hasard Balthazar et tu es tombée sur une dame très pro et très à l'écoute... de quoi te réconcilier un peu plus avec ton corps... et de quoi te décider à essayer la cup... si certaines ont des conseils ou des avis, je suis preneuse... premier essai dans quelques jours...

Ici, la maîtresse de ton fils que tu as rencontrée tout à l'heure te dit qu'elle a déjà remarqué qu'il s'échappe de temps en temps en classe. Elle se demande à quoi il peut penser avec autant de sérieux. Elle t'explique qu'elle va le chercher au fond de ses pensées pour le faire revenir et qu'elle se demande pourquoi il parait si effrayé à chaque fois. Elle a déjà perçu sa trouille. Elle lui dit devant toi qu'elle va juste le chercher pour qu'il reste avec le groupe et qu'il ne parte pas trop loin dans ses rêves, que ce n'est pas grave et qu'elle ne va pas s'énerver pour ça. Il écarquille les yeux, n'en perd pas une goutte, esquisse un léger sourire. Elle m'a donné envie de lui dire les cris et la violence dans laquelle il s'est trouvé l'an dernier. Elle m'a répondu tout doucement "Ah, c'est donc ça!". J'ai osé, mise en confiance, évoquer la précocité sous le prisme de ses écueils. En deux phrases à peine. Elle a réfléchi, on a continué à parler et puis elle m'a dit "vous savez, je ne sais pas grand chose sur la précocité mais je sais que ce sont des enfants qui ne réfléchissent pas comme nous et qu'il faut en tenir compte." Tu as respiré un grand coup. Tu as perdu les vingt kilos qui plombaient chacune de tes épaules depuis la rentrée. Vous vous êtes quittées en vous serrant la main, vous savez l'une et l'autre que le dialogue est instauré. Reste à ton extra-terrestre de fils à continuer à se sentir bien dans cette classe comme c'est le cas pour le moment.

Ici, tu n'es pas au pays des bisounours. Mais tu ressens souvent une bienveillance rassurante. Apaisante. 

Ici, tu n'es pas au pays des bisounours. Quelques jours après la rentrée ta fille rentre du collège en te parlant comme tous les soirs parmi les nouvelles copines de Camille. Camille a demandé à Alice si sa maman ne voulait pas embaucher une femme de ménage. Parce que sa maman à Camille elle n'a pas assez de travail et qu'elle est très forte pour le ménage et qu'elle est très sérieuse et qu'elle travaillerait dur si elle venait chez nous. Ta môme n'a pas perçu la détresse ou l'espoir... tu lui a expliqué gentillement... 

Ici, ta maisonnée attend le retour de monsieur papa parti en métropole pour le travail, passé par des maisons amies et des tablées familiales qui nouent un peu le ventre quand tu es si loin... va falloir s'y habituer!

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Sans queue ni tête
Publicité
Archives
Publicité