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Sans queue ni tête
22 janvier 2013

...j'avais toutes ces images à l'esprit, le coeur

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...j'avais toutes ces images à l'esprit, le coeur léger et j'allais commencer mon premier cours de la journée... et puis elle est entrée dans la classe, elle avait une petite mine... elle était absente depuis les vacances de noël... elle m'a tendu son carnet de liaison pour justifier son absence, j'ai regardé sans regarder vraiment, alors elle a insisté. Elle voulait que je lise son billet d'absence. Elle a déplié un papier blanc. C'était la photocopie d'un avis de décès. Connement, je ne l'ai pas lu... j'ai pensé qu'elle avait perdu un grand-parent, je réfléchissais à l'enregistrement que j'allais faire écouter à mes élèves, le délégué venait de m'annoncer qu'ils n'étaient que quatre et ça m'agaçait. Et puis je ne sais pas pourquoi, j'ai tout à coup senti qu'il se passait quelque chose... je lui ai demandé si ça allait... et là tout est sorti... sa maman trouvée inconsciente, le coma quelques jours, ses efforts pour la faire réagir, la musique qu'elle lui a fait écouter, ses derniers instants, les "et dire que j'étais là quand elle est partie", "j'arrive pas à y croire", "Madame, je ne comprends pas"... et cette jeune fille aux cheveux longs, toute frêle, dont je n'avais jamais entendu le son de la voix depuis septembre n'a pas pu s'arrêter... elle avait besoin de parler... les trois autres élèves se sont tus et puis Quentin a dit doucement "Je sais ce que c'est, tu verras au fil du temps, ça va un peu mieux. Moi mon papa est mort il y a cinq ans.". Alors Amandine a expliqué que le sien de papa est mort il y a pile un an et que c'est dur... et Sandra a repris son monologue. De temps en temps, elle me demandait pourquoi...son regard se perdait... j'essayais de passer à autre chose tout doucement et sans même s'en rendre compte, elle reprenait à voix haute le cours de ses pensées... alors nous n'avons pas travaillé beaucoup avec ces quatre élèves et mes yeux ont brillé avec les leurs... je me répétais que je devais tenir et les écouter...essayer de conseiller et d'apaiser...  j'étais bouleversée par la peine et les mots de cette jeune fille qui se fait du souci pour son petit frère autiste, pour son papa effondré et qui a arrêté de fumer parce que sa maman n'aimait pas la voir fumer... un peu plus tard,je suis rentrée me blottir contre mes mômes...

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Commentaires
A
Ce genre de douleur a besoin de mots et d'une oreille... Tu étais là et elle a su que tu allais l'écouter.
L
Ce que l'on redoute toujours dans notre métier... on se sent désarmé à chaque fois mais en effet, tu as eu raison de prendre le temps de l'écouter, de verbaliser, de la laisser parler... un cours d'anglais est tellement peu important dans ces cas là !!
S
C'était bien plus important qu'un cours de savoir l'écouter. Grâce à toi elle va pouvoir avancer.
M
trouver les mots. elle a réussi grâce à toi a exprimer sa peine.<br /> <br /> mais ça fait mal.<br /> <br /> à te lire, ça me fait mal.
Sans queue ni tête
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