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Sans queue ni tête
31 janvier 2012

Silent tears

...il est assis en tailleur, la tête un peu baissée...il suce son pouce, c'est la fin de la journée de classe...je me dis qu'il doit être fatigué...il relève doucement le visage...deux larmes silencieuses coulent sur ses joues...son regard me bouleverse... je me penche sur lui, caresse son visage...je m'approche tout près, tout près, lui demande pourquoi il est triste... comme un cri il me lance "Je ne veux plus aller dans cette école, plus jamais. Je veux retourner dans celle d'avant"... après quelques instants pendant lesquels le chagrin empêche les mots de franchir les lèvres de mon fiston, il parvient enfin à me dire ce qui lui fait de la peine..."parce que dans ma classe y'a des copains qui disent que je ne suis pas beau parce que je suis noir, parce que je viens d'Afrique"..."Et N.. il a dit qu'il ne m'invitera jamais chez lui parce que je suis noir"... nous avons fait un immense calin, je le sentais trembler, petit à petit il s'est calmé... il apprend la chose la plus cruelle contre laquelle je voudrais le protéger toujours... mais je suis contrainte de lui expliquer l'innaceptable, l'imbécile, le méchant... petit à petit je lui explique que toute sa vie, il va croiser des ignorants qui auront peur de la différence... ensemble nous avons trouvé le nom de plein de petits copains qui ne disent jamais "ça"... nous avons trouvé qu'il serait beaucoup plus sympa d'aller jouer avec eux et d'ignorer les autres... d'aller le dire à la maîtresse tout de suite quand ça arrive... nous avons cité le nom de tas d'amis grands ou petits qui trouvent très beau ces grands yeux sombres, cette peau si douce... plus tard dans la soirée, il a abordé de nouveau le sujet... comme je répétais qu'à nos yeux c'est le plus beau des p'tits gars de la terre, il m'a répondu avec beaucoup de gravité qu'il le sait et qu'il ne les croit pas... et puis plus tard sa soeurette a déclaré qu'ils allaient entendre parler d'elle ces idiots si elle les croisaient au parc... ce soir je ne trouve pas le sommeil...je ne décolère pas... j'ai mal aux tripes... mon fils avait tant de colère et de tristesse à évacuer qu'il m'a demandé de faire du vélo sur la digue... il est parti comme une flèche face au vent... il a laissé les ondes négatives filer dans les rafales... il a zigzagué tête baissée comme s'il cherchait à se libérer de toute l'agressivité qu'il avait dû encaisser dans la journée... et mes larmes se sont perdues dans le froid du bord de mer...

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Commentaires
M
ja suis désolée d'arriver si tard, j'ai les grosses boules pour lui et par extension pour toi.<br /> <br /> Comme dit adeline au dessus, ce qui est navrant c'est que ces gosses répètent....et là tu te dis que le bas du panier n'est pas loin.
A
... coulent devant mon écran...<br /> <br /> Parce que ces enfants ne font que répéter ce qu'ils entendent chez eux...
A
Les gosses sont bêtes et méchants (souvent en suivant les grands)... Que la vie est dure parfois!!!
I
je pleure toute seule dans mon bocal de bureau... parce qu'à son âge, tu dois être obligée de lui expliquer des trucs dont il aurait pu se passer encore un peu le temps de bien rigoler d'être un petit.. redis-lui s'il te plaît, qu'il est obligé de me croire quand je dis qu'il a les plus jolis yeux noirs que je connaisse le regard le plus impérial, qu'il est si beau qu'on voudrait avoir de droit d'en croquer un petit bout à force de bisous et qu'il dessine super bien, et qu'il est déjà beaucoup plus intelligent que les enfants de sa classe, la preuve.. je lui fais un bisou sur le bout de nez, dis lui qu'on s'en fout des nazes
V
Il y a 10 ans maintenant (au moment des présidentielles lorsque le le FN a eu les résultats qu'on connait et que les discussions dans les chaumières devaient être tout en douceur et en intelligence), mon grand ne voulait plus aller à l'école, en fait il ne voulait plus prendre le car. Un jour, du haut de ses 5 ans, il est rentré et m'a demandé "c'est quoi du sang arabe maman?" avec du dégout et de la terreur dans les yeux. Parce que ça évoquait quelque chose de grave, de douloureux, de sale... et là j'ai commencé à comprendre, le car, la tristesse puis la peur, toussa. On a parlé bien sur mais je voyais bien que ça ne suffisanit pas...j'ai commencé par aller voir la dame du car qui au sommet de son art m'a répondu répondu "et ben quoi? faut qu'j'le change de place dans le car?" Puis, l'année suivante j'ai vu de plus prêt sa maîtresse, une femme formidable qui est devenue une amie depuis et qui a eu la fabuleuse idée de lui demander de ramener des journaux (pour l'écriture) des photos (pour la géographie) des gâteaux (pour le plaisir) de l'algérie dans laquelle nous nous rendons chaque année pour notre famille. Du jour au lendemain cet enfant a pris confiance en lui. L'algérie n'était plus une différence, une source de malaise en france , mais une fierté, ses origines, sa famille. Ca n'a pas tout réglé mais ça a été un pas décisif, énorme. Il a vraiment retrouvé le sourire. AUjourd'hui il a 15 ans, il n'a même pas à assumer, c'est une évidence, c'est comme ça, et c'est très bien... courage! je suis émue et triste pour vous. La vie est dure, les cons nombreux...
Sans queue ni tête
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