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Sans queue ni tête
27 mars 2011

Escapade...

... une très jolie escapade ce vendredi... un sentiment de faire l'école buissonnière... de retrouver un tout petit peu de mes vingt ans... un plaisir sans nom de retrouver Paris toute seule, de me promener le nez en l'air dans une douceur printannière qui n'a pas encore atteint notre bord de mer... je n'ai franchi la porte d'aucune boutique, je n'ai même pas fait de lèche-vitrine... j'ai juste regardé autour de moi et renoué avec les plaisir des expos... premier arrêt, les cent ans de Gallimard à la BNF... je n'avais jamais approché de près les tours qui finissaient de sortir de terre quand j'ai quitté la capitale... j'ai découvert qu'une forêt y poussait au secret... et j'ai passé plus d'une heure et demi à lire, observer, espionner presque les manuscrits de nombreux auteurs que j'ai admirés beaucoup... c'est fascinant de pouvoir en silence se pencher sur les originaux de certains romans qui ont marqué ma vie à des moments différents... je me suis si souvent demandé comment ils écrivaient... ratures?... plume?... machine à écrire?... marges?... feuilles volantes ou carnets?... cahiers d'écolier?... découvrir l'assurance et la régularité de l'écriture de Beauvoir à côté de l'encre violette et de l'écriture assez féminine de Sartre... voir que Pennac met en page et illustre... que Proust rature pas mal... que... pfffff... les lignes se mélangent mais j'ai lu la plume de Giono, de Prévert, de Claudel, de René Char, de Céline, d'Albert Cohen... et de tant d'autres... sans parler des aquarelles originales du petit prince et des nombreuses lettres d'écrivains échangés avec la maison Gallimard... aurais-je imaginé Faulkner colère d'avoir été refusé qui conclut par un "fuck them all" décidé...?

...puis j'ai traversé la Seine et attendu sagement dans la file devant la cinémathèque... en me disant que décidement j'avais beaucoup, beaucoup vieilli, seule au milieu de couples de vingt ans insouciants, sensuels, fauchés et pétris d'idéaux (oui, j'ai laissé traîner avec plaisir mes oreilles...)... j'ai fini par pouvoir entrer dans la très (trop?) médiatisée expo Kubrick... peu d'espace, beaucoup de documents qui auraient mérité qu'on puisse s'en approcher un peu mieux, un peu plus longtemps... des extraits de films diffusés en hauteur qui offraient parfois un téléscopage heureux entre plusieurs chefs d'oeuvre... des costumes originaux de personnages qui m'ont marquée... mais surtout des plans de travail impressionnants... et une partie un peu ignorée (si j'en crois le peu de personnes qui s'y trouvaient) présentant le travail titanesque réalisé pour la préparation d'un film sur Napoléon jamais tourné...  bref, après presque quatre heures de déambulations certes j'avais les pieds en compote mais surtout mon petit coeur de groupie battait à la chamade... j'avais passé de chouettes moments avec quelques unes de mes idoles...

... alors pour me remettre de mes émotions j'ai flâné dans le parc de Bercy, j'ai rencontré un épouvantail très sympathique, j'ai été caressée par surprise par l'odeur des giroflées et d'un jasmin qui fleurissait tout juste, pieds nus j'ai plongé dans mon roman sous le soleil de Paris, tout à côté un caroussel diffusait une musique légère et je savais que j'attendais ma copine...

... celle qui me fait replonger à chaque fois dans mes années d'étudiante... celle qui lit en moi à livre ouvert... qui sait poser les questions qui font mouche... que je trouve si belle à chaque fois que je la retrouve... celle qui a une façon unique de faire tourner les mèches de ses cheveux longs entre ses doigts... qui m'a présenté en quelques heures sa première voiture toute rouge qui lui correspond tellement que j'aurais pu parier ma chemise qu'elle avait choisi ce carosse là et aucun autre et son nouveau nid qu'il va lui falloir apprivoiser encore... avec qui j'ai partagé une coupe de champagne en me disant que c'est aussi très bon d'avoir grandi... j'ai dormi comme un bébé sur son canapé violine... j'ai aimé la lumière de son appartement, sa vue très dégagée... le rose de sa cuisine... la conversation que j'ai eu avec son homme dans la matinée, la douceur de nos papotages tandis qu'elle coupait en tout petits morceaux des légumes de toutes les couleurs, qu'elle inventait un pique-nique savoureux en devisant... je suis partie le coeur comblé de cette belle amitié et un peu serré de la laisser dans ce quartier où je ne la sens pas assez protégée...

... déjà pourtant la perspective des quelques heures volées à tous dans un TGV me réjouissait... là j'ai lu un peu, somnolé pas mal, aperçu la tour de Montépilloy dressée dans la campagne, écouté la voix de Yodélice me bercer, observé avec circonspections les passagers sur le quai de Béthune ou de la gare d'Hazebrouck, constaté qu'une fois dans le Pas de Calais il pleuvait... heureusement à mon arrivée la pluie ne m'avait pas suivie... ma p'tite famille m'attendait... deux petites mains au creux des miennes m'ont escortée à la voiture en me laissant deviner une jolie surprise à la maison... j'ai entendu qu'on était monté debout sur un oeuf d'autruche, qu'on avait joué avec papa... j'ai replongé dans cette succession unique et irrésistible d'idées qui jaillissent sans laisser de place aux adultes qui échangent des regards amusés ou circonspects au dessus des têtes de leur progéniture... j'ai attendu un peu, reçu un très joli bouquet composé de toutes mes fleurs préférées réunies par les soins de ma grande fille au goût très sûr... puis j'ai pu reprendre avec mon homme une conversation interrompue depuis trop longtemps... le dialogue a coulé de source... on s'est souri... il avait compris mon besoin de solitude... il avait compris ce qui me pesait tant depuis quelques mois... j'ai vu de l'amour dans ses yeux... c'était si bon...

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Commentaires
I
merci d'être venue jusqu'à moi, merci pour ces jolis moments, pour tes confidences, merci pour ces mots choisis, le temps passant on a grandi, ma tendresse pour toi aussi, merci de cet épilogue (si à chaque fois que l'on décide de se retrouver les bouquets poussent, la discussion et l'amour avec alors... reviens-vite, ou alors prête-moi vite ton canapé à toi !!). Je suis renversée de voir combien nous retrouvons ce qui est entre nous avec facilité... Je vais prendre soin de moi dans ce nouveau quartier, compte sur moi. Moi je compte sur ce que tu feras pour toi-même, pendant que je ne suis pas là. Je t'embrasse commen je t'aime.
Sans queue ni tête
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